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Le Monde des Gaulois (IIe millénaire av. J.-C. à 51 avant J-C.) |
Le terme Gaulois désigne les peuples celtes protohistoriques qui résidaient en Gaule (Gallia, en latin), c'est-à-dire approximativement sur les territoires actuels de la France, de la Belgique, de l'Allemagne (rive gauche du Rhin), de la Suisse et de l'Italie du Nord, probablement à partir de l'âge du bronze (IIe millénaire av. J.-C.).
La Gaule et les peuplements gaulois, d'après César (->).
Les Gaulois étaient divisés en de nombreux peuples qui se comprenaient entre eux, qui pensaient descendre tous de la même souche et qui en connaissaient la généalogie. À ces liens de filiation, réels ou mythiques, qui leur créaient des obligations de solidarité, s'ajoutaient des alliances qui mettaient certains d'entre eux dans la clientèle d'un autre pour former des fédérations comme celles des Arvernes et des Éduens. Chacun de ces peuples était divisé en civitates, identifiées par un chef-lieu et un territoire, appelé en latin pagus, lui-même subdivisé en vicus, correspondant à peu près aux cantons, en France, par exemple.
Les civilisations gauloises sont rattachées, en archéologie, pour l'essentiel, à la civilisation celtique de La Tène (du nom d'un site découvert au bord du lac de Neuchâtel, en Suisse). La civilisation de la Tène s'épanouit sur le continent au Second âge du fer, et disparut en Irlande durant le haut Moyen Âge.
DES BARBARES TRÈS CIVILISÉS
Des institutions démocratiques inspirées du modèle grec, un habitat organisé de manière originale, des femmes actives et indépendantes à faire pâlir d'envie les Romaines... Le vrai visage de la Gaule réserve bien des surprises.
POLITIQUE : UNE FÉDÉRATION INATTENDUE DE PEUPLES LIBRES
La Gaule avant César (->) : ports, voies commerciales, places fortes... Ce pays qui fédérait près de 60 peuples, n'avait rien d'une contrée de barbares. Voici les principaux sites.
Dans le récit de sa conquête, "La Guerre des Gaules", César livre des informations précieuses sur les Gaulois, leurs mours et leur vie politique. Il cite une soixantaine de peuples dont beaucoup nous ont laissé en héritage un nom de région ou de ville : ainsi les Parisii qu'on retrouve dans celui de notre capitale ; les Ambiens dans celui d'Amiens ; les Petrocorii qui ont donné Périgueux ; les Arvernes dont l'Auvergne actuelle constituait le territoire. Face à l'envahisseur romain, ces peuples paraissent avoir fait preuve d'autonomie : parfois, ils traitaient directement avec lui, parfois ils s'associaient entre eux pour lui résister.
Mais à travers le récit de César, on perçoit qu'au début du Ier siècle avant notre ère, la Gaule connaissait déjà une vie politique complexe. Significativement, le général romain parle de "cités" pour qualifier les peuples gaulois. De fait, ces peuples, qui disposaient d'un territoire grand comme un ou deux de nos départements, présentaient un air de famille avec les cités grecques et celles d'Italie. Comme elles, ils administraient eux
mêmes leur territoire et disposaient de leur propre armée. Chez les Gaulois, la citoyenneté avait déjà le sens que nous lui connaissons : le citoyen était membre à part entière de la communauté, envers laquelle il avait des devoirs mais aussi des droits. Les citoyens étaient soumis à un impôt calculé sur leur richesse et devaient participer à des campagnes militaires longues et répétées. Satisfaire ces 2 obligations les autorisait à contribuer directement à la vie politique : ils pouvaient élire leurs représentants aux assemblées ou se présenter eux-mêmes à des fonctions électives.
La plupart des cités disposaient de 2 assemblées politiques. Le sénat était apparu le premier. A la haute époque où subsistaient encore des princes ou des sortes de rois (dans la première moitié du premier millénaire avant notre ère), il avait mission de conseiller ces derniers. Il était composé des membres des vieilles familles patriciennes. Mais très tôt, au moins dès le IVe siècle avant notre ère, le sénat avait été concurrencé par une assemblée civique, formée de députés élus par les citoyens. Cette dernière n'avait cessé d'accroître ses pouvoirs : elle votait les lois et désignait chaque année les 2 plus hauts responsables de la cité : le magistrat chargé de l'administration générale et un stratège, préposé aux affaires militaires. Ces 2 principaux responsables politiques de la cité font évidemment songer aux consuls et aux proconsuls de Rome, pareillement nommés pour une année seulement.
 
Epris de liberté, ils rejetaient toute forme de tyrannie. Dans les cités qui ont connu la royauté, les rois étaient d'une autre nature que ceux auxquels nous pensons habituellement et qui ont marqué l'Histoire de France. Issus de grandes familles nobles, ils étaient désignés par leurs pairs pour être leur chef et étaient privés du droit de fonder une dynastie. Chaque fois que l'un tenta de le faire, il fut renversé. Au cours des 2 derniers siècles de leur indépendance, les Gaulois refusaient l'idée même de royauté. Le peuple arverne mit ainsi à mort Celtillos, père de Vercingétorix, au 1er siècle av J.-C., car il était suspecté de vouloir rétablir la monarchie. La vigilance envers la tyrannie était d'ailleurs très grande : les fonctions de magistrat et de stratège étaient soigneusement encadrées par une réglementation draconienne et contrôlées par les assemblées. Ainsi, en 60 avant notre ère, Orgétorix, magistrat des Helvètes, soupçonné d'avoir fomenté un complot pour s'emparer du pouvoir, fut trainé, chargé de chaines, devant un tribunal et n'eut d'autre issue que le suicide.
La politique passionnait les Gaulois parce qu'elle était, sur le terrain de la cité, l'extension du domaine de la guerre. Les premiers citoyens avaient été, aux VIIè et VIè siécles av J.-C., les nobles qui pouvaient s'armer et participer aux combats, alors de faible envergure. Ces aristocrates tenaient entre eux des conseils militaires. Puis, la guerre s'étant généralisée, il fallut faire appel à un recrutement plus large. Nobles et simples citoyens se cotoyèrent alors au sein des assemblées martiales. Ils se retrouvèrent ensuite dans les assemblées civiques, qui en étaient la continuation en temps de paix.
Aux VIè et Vè siècles avant J.-C., ceux qui avaient risqué leur vie au combat occupaient le devant de la scène politique. Leurs victoires - attestées par les têtes coupées de leurs victimes -, les autorisaient à revendiquer des fonctions majeures, même s'ils n'étaient pas nobles. Encore leur fallait-il rappeler constamment leurs hauts faits car, en l'absence d'écriture et donc d'histoire officielle et d'archives, ceux-ci n'étaient consignés nulle part. Pour symboliser leur rang dans la cité, les combattants qui s'étaient illustrés exigeaient donc des places d'honneur dans toutes les célébrations politiques, sociales et religieuses. Il leur fallait aussi des poètes célébrant leur gloire, au cours de ces cérémonies ou dans toutes les assemblées. Les bardes s'acquittaient de cette tâche : accompagnés d'une lyre, ils chantaient les louanges de leur champion ou, au contraire, moquaient, dans leurs vets, la réputation d'un adversaire politique. Mais les aspirants aux plus hautes charges devaient surtout compter sur eux-mêmes. Il leur fallait par leurs propres discours convaincre leurs électeurs. Le célèbre censeur romain Caton écrit que presque partout en Gaule, "on cultive 2 choses très activement : l'art militaire et l'habileté oratoire". Et il est vrai que les Gaulois ont eu très tôt auprès des Grecs la réputation d'hommes adorant se lancer dans de grands discours d'une voix théatrale.
L'espace politique gaulois était reconnu par les peuples voisins. Les campagnes électorales étaient donc fort animées. Comme à Rome, elles reposaient beaucoup sur le clientélisme. Les plus riches offraient à leurs électeurs des banquets fastueux qui pouvaient durer plusieurs jours. L'Arveme Luern, vers 150 avant notre ère, parcourait même la campagne sur un char, raconte l'historien grec Poseidonios d'Apamée. Il jetait de l'or à tous les hommes qu'il rencontrait.
LA MONNAIE
Les premières monnaies qui circulent dans le monde gaulois, à la fin du IVè siècle avant J.-C., sont d'origine grecque. Elles serviront de modèles aux monnaies qui apparaîtront au début du IIIè siècle et seront bientôt émises par chaque peuple de la Gaule (sur la photo, en haut celle des Parisii, à gauche celle des Aulerques Cénomans, à droite celle des Eduens). Elles sont généralement en bronze, pour les transactions courantes. Mais des centaines de milliers de pièces d'or sont également produites, principalement pour servir d'offrandes. Les monnaies gauloises imitent principalement les statères (pièces en or) de Philippe II, roi de Macédoine. Le côté "face" figure une tête d'Apollon, tandis que le côté "pile" présente un cheval ou un char. Mais les artisans gaulois s'approprient aussi la monnaie pour y déployer leurs thèmes favoris (sangliers, oiseaux, chaudrons, têtes coupées, chevaux à tête humaine...). Ils y expriment aussi leur penchant pour la métamorphose des formes et la déstructuration des figures, qui se cachent souvent dans un décor où elles ne sont pas visibles du premier coup. Chaque peuple développe bientôt son style propre. Dès la fin du IIè siècle avant J.C., les Parisii émettent ainsi en region parisienne des statères ornés de chevaux à la pose maniérée. Symbole de l'identité des peuples gaulois indépendants, l'émission de ces pièces cesse avec la conquête de la Gaule par César. L'usage de la monnaie romaine s'impose alors à tous.
 LA RELIGION
Un dieu orné du sanglier sacré ; Fin du Ier siècle avant J.C.
Cette statue (photo de droite), découverte en Haute-Marne vers 1920, représente une divinité inconnue. Elle temoigne de l'indépendance de style dont les sculpteurs gaulols ont su faire preuve pour créer des ouvres d'une facture typiquement locale. De taille modeste, à peine 30 centimètres de haut, elle devait appartenir à l'origine à un ensemble plus grand qui a été volontairement brisé pour des raisons inconnues, sans doute à la fin de la période d'indépendance gauloise, dans la deuxième moitié du Ier siècle avant J.C.. Le personnage porte un torque, le collier associé à son statut divin. Son visage endommagé ne laisse plus voir que ses yeux. Il est coiffé à la manière gauloise, telle que l'a décrite l'historien grec Diodore de Sicile ; une partie des cheveux ramenée vers l'arrière est nouée en queue-de-cheval, tandis que deux mèches plus longues retombent sur le torque.
Une grande part du mystère de cette ouvre provient des représentations sculptées sur 2 de ses faces : un grand oil allonge sur la face latérale (invisible sur cette photo), et un sanglier vigoureux sur la face principale. Cet animal était sacré pour les Gaulois, qui voyaient en lui un symbole de force, comnme le montre aussi cette petite statuette de bronze (photo à gauche) datant du Ier siècle avant J.-C..
Les Gaulois étaient polythéistes, donc croyaient en plusieurs dieux. Le druide (voir plus bas "la philosophie") était un personnage important aux multiples facettes. Il était prêtre, maître d'école, médecin et juge. Les vates secondaient les druides en remplissant la fonction de sacrificateurs. La société gauloise était régie par des classes : clergé, noblesse, peuple. Le clergé, composé de prêtres, nommés druides, la noblesse, composée des guerriers les plus riches et les plus braves, dirigeaient le peuple. Les druides enseignaient l'immortalité de l'âme et adoraient les forces de la nature.
 L'ART
Un vase géant pour le plaisir des princes : vers 510 av J.C.
Son style et sa fabrication sont grecs, mais son usage est typique des coutumes des élites princières gauloises... Celles-ci importent, par l'entremise de la colonie grecque de Marseille, une boisson particulièrement appréciée : le vin. Ce breuvage était préparé et consommé dans une vaisselle en céramique ou en bronze également importée de Grèce et d'Etrurie, l'actuelle Toscane. A l'image du célèbre vase de Vix, découvert en 1953 dans le tumulus d'une princesse celte sur le mont Lassois (Côre d'Or). Il s'agit d'un "cratère", un récipient servant à mélanger l'eau et le vin. Ses proportions sont gigantesques. Haut de 1,64 m, d'une contenance de plus de 1000 litres, il s'agit du plus grand vase grec jamais découvert. Commander, faire fabriquer et acheminer depuis l'Italie du Sud un tel objet, puis être capable de le remplir de vin devait être pour les nobles gaulois un moyen efficace d'asseoir leur prestige comme leur autorité.
Un jeune dieu aux sabots de cervidé (<-) ; fin du Ier av J.C. ou début Ier ap J.C.
C'est au contact des Romains, et surtout après la conquête de -52 avant J.-C., que les Gaulois prennent l'habitude de donner forme humaine à leurs divinités. Malheureusement, l'identité de ce jeune dieu imberbe, découvert dans une rivière de l'Essonne en 1845, demeure un mystère.
Sa dignité est cependant confirmée par deux éléments : la pose en tailleur, réservée à la représentation des divinités, et le port du torque, bijou typiquement gaulois qui devient un attribut divin dans la statuaire de l'époque gallo-romaine. Autre detail, temoignant de l'influence romaine : la coiffure s'inspire des portraits de l'empereur Auguste, qui régna de 27 avant J.C. à 14 après J.C.
Les proportions du corps sont assez étonnantes, le traitement atrophié de la partie inférieure contrastant avec l'importance prise par le buste et la tête. Détail mystérieux : les jambes s'achèvent par des sabots de cervidé...
LA PHILOSOPHIE : LES DRUIDES, DES HOMMES DE POUVOIR
Justice, politique, religion... En quelques siècles, ces érudits étendirent leur influence à tous les domaines de la société.
Au cour de la forêt, des vieillards tout vétus de blanc cueillent le gui et procèdent à des sacrifices en psalmodiant de mystérieuses formules dans leurs barbes longues... Cette scène fantasmatique a la vie dure. L'absence de témoignages directs, conjuguée au fait que les principaux commentateurs de l'époque, grecs et latins, n'aient pas toujours d'une grande rigueur, a laissé cette mythologie prospérer. Jules César, surtout, a contribué à la forger, en faisant des druides, dans sa "Guerre des Gaules", des sortes de prêtres comparables à ceux de Rome. Pourtant, cette image est loin de décrire la nature exacte du rôle des druides dans la société gauloise.
Pour comprendre qui étaient ces hommes mystérieux, les historiens d'aujourd'hui doivent se plonger dans des traités philosophiques grecs rédigés... au IIIè siècle avant notre ère. C'est là que les druides sont mentionnés pour la première fois. Leur réputation, à l'époque, était sans doute déjà grande. Ces traités semblent en effet se référer à des écrits plus anciens, aujourd'hui disparus, et notamment à un "Mémoire" qui aurait été rédigé au Vè siècle avant J.-C. par un disciple du philosophe Pythagore. Mais l'auteur à qui l'on doit les informations les plus fiables est le Savant grec Poseidonios d'Apamée, qui voyagea en Gaule à la fin du IIè siècle avant notre ère. Il a laissé des observations précises sur la société gauloise en général et sur les druides en particulier.
La grande renommée des druides auprès de leurs contemporains était due à leur immense savoir scientifique. Comme les éléves de Pythagore, ils maîtrisaient les nombres et la théorie mathématique. Cette connaissance trouvait de nombreuses applications pratiques, et les rendait indispensables à la société gauloise. Grands géomètres, ils établissaient plans et calculs nécessaires au creusement de galeries minières, à la construction de bâtiments ou à l'assemblage de chars. Certains motifs minuscules retrouvés sur des pièces gauloises témoignent de ce savoir-faire : réalisés au compas, ils nécessitaient une telle précision, qu'il faut aujourd'hui l'aide d'un ordinateur pour les reproduire. Ces virtuoses de l'algèbre se distinguaient aussi par leurs travaux astronomiques. Pendant des siècles, ils observèrent le mouvement des astres. Grâce à de savants calculs, ils élaborèrent des calendriers perpétuels sophistiqués. Celui de Coligny (Ain), découvert en 1987, mêle des cycles lunaires et solaires. Il permettait de déterminer les jours propices aux cérémonies religieuses et aux entreprises guerrières. Les druides détenaient les clés des mystères de l'univers, ils étaient devenus les maîtres du temps. Pour les Gaulois, il ne faisait pas de doute que leurs savants parlaient le langage des dieux.
Ces vastes connaissances s'étendaient également à la botanique, à la médecine, à la géologie... Elles leur procuraient un important pouvoir au sein de la société, qui ne pouvait tomber dans les mains de n'importe qui. Pour cette raison, les druides maintenaient leur enseignement secret et veillaient à être les seuls à maitriser l'écriture. Le savoir était transmis à quelques êtres choisis pour leurs capacités et leur sagesse, à l'issue d'un apprentissage très long, probablement une vingtaine d'années. Cette sélection très stricte des aspirants-druides s'avéra de plus en plus nécessaire au fur et à mesure que le pouvoir de ces sages sur la société augmentait. A l'apogée de leur rayonnement, au IIè siècle avant J.C., leur emprise ne se limitait plus aux sciences et à la divination. Elle s'étendait également à la politique et à la justice.
Leur sagesse en faisait des êtres à part, qui se situaient, au-dessus des hommes et des partis. C'est donc tout naturellement qu'on s'en remettait à eux pour arbitrer les nombreux conflits qui agitaient cette société dominée par une aristocratie belliqueuse. Leurs jugements de circonstances se muèrent peu à peu en une véritable institution. Mais pour légitimer leur action, il leur fallait moraliser en profondeur la société. Pour cela, les druides en appelèrent aux dieux et, usant de leur prestige, ils instaurèrent une religion publique. Ce culte instillait dans les consciences des Gaulois des notions telles que l'immortalité de l'âme ou la différence entre le bien et le mal. A cet égard, leur rôle était davantage celui de théologiens que de prêtres, malgré l'image dont on les a affublés. Toujours dans un but de pacification, ils instaurèrent une justice supranationale. Grâce à Poseidonios d'Apamée, on connait l'existence d'assises annuelles de druides. Venus de toute la Gaule, ces sages se réunissaient dans la forêt des Camutes (dans l'actuelle région d'Orléans) pour trancher des questions concernant l'ensemble des peuples gaulois. Ces règles partagées conduisirent à la mise au point de constitutions qui réglaient les rapports entre les Etats. La paix qui régna en Gaule pendant des siècles est le fruit de ces efforts fédérateurs.
Pourtant, quand César arriva en Gaule en -58, l'influence des druides avait déjà décru. Leur fonction, si elle gardait une partie de son prestige, était devenue un simple titre honorifique porté par quelques aristocrates éduqués. Dés le IIè siècle avant notre ère, leur pouvoir avait commencé à decliner : "L'influence du commerce romain commença à saper leurs valeurs archaïques", note l'historien Jean-Louis Brunaux auteur de "Les Druides, Des philosophes chez les Barbares" (ed du Seuil 2006). Puis, les crises politiques qui ébranlèrent la Gaule autour de 120 avant J.C.
- l'instauration d'une province romaine dans le sud-est, les invasions des Cimbres et des Teutons dans le nord - donnèrent le coup de grâce à leur hégémonie. Mais le déclin des druides était en germe dans leur ouvre elle-même. Ils avaient transformé en profondeur les mentalités et les institutions gauloises. En inculquant ainsi aux peuples de Gaule les bases de la civilisation, ils avaient favorisé leur autonomie. Leur rôle était achevé.
 LA GUERRE
Le général Jules César pénètre en Gaule en 58 avant J.-C., pour affronter les Helvètes. Continuant sa progresssion vers le nord, il repousse les Germains l'année suivante de l'autre côté du Rhin. Les légions se répandent alors sur toute la Gaule. En -56, le pays est contrôlé par les Romains. La révolte éclate 4 ans plus tard, en -52, a Cenabum (Orléans), et les tribus se fédèrent autour de Vercingétorix. Après une défaite importante à Gergovie, César piège son ennemi sur l'oppidum d'Alésia, à l'été -52. Après cette victoire romaine, 2 années seront encore nécessaires aux legions pour éteindre toute résistance. En -50, la conquête de la Gaule est complètement achevée.
Cependant, la situation en Gaule se détériore. Le peuple supporte tout le poids du tribut imposé par César pour l'entretien de l'année d'occupation, son enrichissement personnel et celui de Rome. L'aristocratie s'aperçoit qu'elle n'a plus qu'un pouvoir de façade et s'agite. Les Sénons, un puissant peuple gaulois installé sur une partie des actuels départements de l'Yonne et de la Seine-et-Marne, vont jusqu'à tuer le "roi" que leur a imposé César. Le proconsul réprime cette agitation sans ménagement. Il punit le meurtre de son homme de paille par l'exécution d'un noble gaulois nommé Acco, qui a appelé à la rébellion. Le meneur est fouetté et décapité en public. Cette exécution ulcère le peuple, et César s'aliène une bonne partie de la noblesse humiliée. En -52, la révolte, qui couvait depuis des mois, éclate. Le signal est donné par les Carnutes qui massacrent, dans leur ville de Cenabum (Orléans), tous les commerçants et citoyens romains.
La direction des opérations militaires est confiée à Vercingétorix, un jeune prince arverne qui a été un temps, comme tant d'autres jeunes nobles retenus à Rome...
J.-L.B. et C.L. - GÉO HISTOIRE N°11 > Octobre-Novembre > 2013 |
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LE FIGARO HISTOIRE N°47 > Décembre > 2019 |
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