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Masdar, Ville Modèle ou Mirage du Désert ?

Ce devrait être la première ville « zéro carbone, zéro déchet, zéro voiture, 100 % énergies renouvelables ». Implantée près d'Abou Dhabi, elle se veut une vitrine pour les technologies les plus innovantes.

Son nom, Masdar, signifie "source" en arabe. Et c'est en plein désert, à 30 kilomètres à l'est d'Abou Dhabi, qu'elle va s'implanter sur 6 kilomètres carrés. Pour construire cette vitrine high tech qui devrait accueillir 50.000 habitants en 2016, les Emirats arabes unis vont dépenser 10 milliards d'euros.

Son plan, conçu par un cabinet d'architecture britannique, combine tradition et ultra-modernité, dans une intention bioclimatique. À l'image des médinas, Masdar possèdera une muraille protectrice contre les vents, un plan carré, des constructions denses, de faible hauteur et pour partie enterrées, des ruelles étroites et couvertes, garantes de fraîcheur.

Quant à l'aménagement du centre ville, imaginé par une agence australienne, il présentera toute une série de concepts futuristes : toitures végétalisées intégrant des cultures vivrières, angles de façades modulables pour accentuer ou réduire le rayonnement solaire, détecteurs de chaleur régulant l'éclairage public selon le trafic des piétons, et surtout d'immenses tournesols-ombrelles qui s'ouvriront pour protéger du soleil une place piétonne, avant de se refermer le soir.

La grande place centrale de Masdar sera protégée par un dispositif original : des ombrelles qui, le jour, donneront de l'ombre et la nuit, en se refermant, restitueront la chaleur emmagasinée.

Autre secteur d'innovation : les transports. La marche à pied et le vélo seront privilégiés et 3000 véhicules électriques expérimentés. Ces podcars ou Personal Rapid Transit (PRT), réalisés par l'agence de design italienne Zagato et la firme allemande 2getthere, sont des véhicules sans chauffeur, de 4 à 6 places. Ils se déplaceront au choix des passagers vers des stations préétablies, guidés par des aimants implantés dans la route.
Leur batterie lithium-ion leur conférera une autonomie de 3 heures. D'autres PRT assureront le fret et la gestion des déchets (50 % des déchets seront recyclés, 33 % produiront de l'énergie et 17 % seront compostés). Le recyclage concernera 90 % des eaux usées, utilisées pour l'irrigation des cultures destinées à l'alimentation et aux biocarburants.

L'énergie proviendra essentiellement du solaire, complété par l'éolien et le traitement des déchets non recyclables.
L'alimentation de la cité en énergie sera assurée par des éoliennes et un champ de panneaux solaires de type photovoltaïques concentrés (CPV), qui suivent la course du soleil et concentrent la lumière à l'aide d'un système optique. Encore onéreux et sensibles à la chaleur et aux vents de sable, ils sont néanmoins deux fois plus efficaces que les précédentes générations de capteurs.

La cité accueillera 1500 entreprises et un institut scientifique dédié aux technologies vertes et aux énergies renouvelables, ainsi que le siège du tout nouveau Irena (Institut international pour les énergies renouvelables), dirigé par la Française Hélène Pelosse. Abou Dhabi espère que Masdar deviendra la "Silicon Valley" des énergies renouvelables.

Aujourd'hui doté de la pire empreinte écologique du monde, l'émirat sait que son économie dépend d'une énergie à bout de souffle, le pétrole. Et s'inquiète de son avenir, quand les puits seront vides.

MARION SABOURDY - SCIENCES ET AVENIR HS > Janvier-Février > 2010
 
 

   

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