À l'aube du XXè siècle, la cité est le 1er port d'Europe et la capitale de notre empire colonial. Le monde entier a rendez-vous sur ses quais.

"C'était à perte de vue un fouillis de mâts, de vergues, se croisant dans tous les sens. Pavillons de tous les pays, russes, grecs, suédois, tunisiens, américains... les navires au ras du quai, les beauprés arrivant sur la berge comme des rangées de baïonnettes". Bienvenue sur le port de Marseille ! Cette description d'Alphonse Daudet dans Les Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon donne le ton. Jusqu'en 1889, la ville est le premier port d'Europe et sur ses quais défilent les voyageurs, les marins et les produits du monde entier. Ici des oranges des Baléares, là des couffins de figues de Turquie ou des laines d'Algérie et des peaux d'Amérique centrale... L'ouverture du canal de Suez en 1869 a bouleversé les routes maritimes ; désormais la mer Rouge est reliée à la mer Méditerranée et tous les bateaux passent par Marseille. En dix ans, la ville devient le centre du monde. Au début du XXè siècle, elle assure la moitié du commerce de la France avec son empire. De l'épicier de denrées exotiques installé sur le port aux grands groupes industriels, c'est tout Marseille qui vit au rythme des arrivées et des départs vers les cinq continents.

Le premier institut colonial ouvre ses portes en 1893 dans la cité phocéenne. Les négociants marseillais sont parmi les membres les plus actifs du "parti colonial", un groupe de parlementaires et de notables qui aura une forte influence sur la politique extérieure de la France de 1890 à 1911. Entre 1892 et 1894, ils font pression sur le gouvernement et obtiennent la colonisation du Dahomey (actuel Bénin) pour sécuriser leur approvisionnement en oléagineux, à la base des plus grosses industries de Marseille...