Les "salares" se sont formés il y a 10.000 ans par évaporation d'une immense étendue d'eau salée, le lac Minchin. Ces deux 4x4 tracent leur route sur la "salar" d'Uyuni (->), qui, avec sa superficie dépassant les 10.000 kilomètres carrés, est le plus grand lac de sel au monde. Les expéditions en véhicules tout terrain ne peuvent s'y dérouler qu'en saison sèche, d'avril à décembre.
Le désert se compose de sels de bore (Ulexite), de chlorures, carbonates et sulfates de sodium, potassium, magnésium et lithium. Selon l'estimation de l'United States Geological Survey, le salar d'Uyuni recèle 5,5 millions de tonnes de lithium exploitables sur les onze millions de tonnes que comptent la planète. Les réserves de lithium, composant essentiel des batteries électriques, sont actuellement le centre des attentions de plusieurs multinationales, ainsi que du gouvernement. Le salar d'Uyuni fait partie du "triangle du lithium" entre le salar d'Atacama au Chili et le salar del Hombre Muerto en Argentine qui concentrent 70 % des réserves mondiales de lithium.
Isla del Pescado et ses cactus millénaires (à droite ->)... L'île de corail d'Incahuasi, couverte de cactus candélabres dont certains sont âgés de 1200 ans, est isolée dans ce désert salé. La pseudo-île d'Incahuasi (ci-dessous), au centre de l'étendue de sel, est une destination touristique prisée. Fumerolles, geysers, cactus géants... tout ici rappelle les premiers âges de la Terre. Suspendu entre ciel et sable à 4000 mètres d'altitude ; le désert de Siloli (ci-dessous à g.) est un immense plateau orangé et bosselé de montagnes formées de sédiments volcaniques. Malgré son vide apparent, ce site abrite une faune variée : oiseaux, reptiles et camélidés, dont ces lamas sauvages, récemment sauvés de l'extinction.
L'Altiplano (->) n'a pas le goût des ornements : des sommets chauves, des troupeaux épars d'alpagas et quelques touffes blondes de "paja brava", une herbe sèche comme les rafales brûlantes ou glacées qui balayent ces étendues désolées. Sur ces steppes où pas un arbre ne croit, une poignée de garnisons militaires, autoproclamées "sentinelles du Pacifique", luttent contre la solitude et le silence. Les routes goudronnées du sud ouest bolivien s'arrêtent au pied du Volcan Sajama. Au-delà, c'est le règne du vent et des pistes hasardeuses. Sur le toit du 4x4, on accroche des bidons d'essence, des pneus de rechange et des pelles. Dans le coffre, il faut stocker assez d'eau et de nourriture pour tenir une semaine. On met alors le cap au sud, vers les "salares", ces grands lacs asséchés dont les aplats blancs sont visibles à l'oil nu depuis l'espace... Le véhicule s'engage dans le lit d'une rivière tapissée de mousses phosphorescentes. On progresse au pas, sous le regard hautain des lamas. Pour lutter contre le "soroche", le mal d'altitude, on mastique quelques feuilles de coca, "l'hostie des Andes". Un goût amer se répand dans la bouche, puis, lentement, une euphorie nerveuse s'empare de l'esprit. Ici, poussent des plantes en forme de boule vert fluo qui peuvent vivre des siècles. Prenant assise sur la cordillère des Andes, l'Altiplano trace ses courbes épurées sur près de 1500 km de long. Ce haut plateau, qui court du Pérou jusqu'au Chili et à l'Argentine en passant par la Bolivie, est suspendu à près de 4500 mètres. Y a-t-il âme qui vive sur ces hauteurs ? Les villages que l'on traverse sont invariablement vides et désolés. Impression trompeuse : la "puna", steppe d'altitude, est un faux désert peuplé depuis des millénaires. Plusieurs empires se sont succédé ici avant la conquête espagnole. D'abord celui de Tiahuanaco, la civilisation pré-inca qui, entre le Ve et le XIe siècle, domina de vastes régions comprises entre le nord du Chili et l'ouest de la Bolivie actuelle. Puis, au XVe et XVIe siècle, vinrent les Incas dont le territoire portait le nom "d'empire des quatre parties", et dont la chute fut précipitée par l'arrivée des Européens. Les royaumes passent, les tombes restent : près du Rio Lauca, des édifices en adobe honorent encore la mémoire des dignitaires du peuple aymara, l'un des principaux groupes autochtones de Bolivie. Les frises dentelées qui ornent ces tours funéraires ont quelque chose d'hypnotique et d'éternel : à une telle altitude, si près du ciel, les tombes ressemblent à des berceaux.
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