Riviera Beach - Floride

Le 8 septembre s'annonce prometteur. Nous sommes en présence d'un marais barométrique (champ de pression peu élevé) associé à une instabilité dans les basses couches. Les orages commencent à se manifester le long des crètes du Jura entre 17h30 et 19h.

Puis, entretenue par un flux quasi stationnaire, la commotion enfle en abordant la région centrale du lac Léman.

Sans hesiter je prends l'autoroute pour intercepter la remontée de l'orage quand un éclair zèbre le ciel côté Jura. Deux orages s'offrent à moi : l'un à l'est, sur le lac Léman près de Nyon. L'autre à l'ouest, sur le massif de la Dôle. Mon intuition me dicte de me rabattre sur la plaine de l'Asse afin d'immortaliser les 2 cellules se chargeant de plus en plus. Je sais que ce type d'orage à pulsations n'offre généralement les plus beaux éclairs ramifié que durant les 5 premières minutes. Une fois au cour de la plaine je braque mon Canon sur l'orage du lac et mon Nikon sur celui frappant les crètes du Jura. La lumière devient irréelle tandis que la lune se profile dans une ambiance de plus en plus dantesque. Au même instant, un double coup de foudre s'abat à 800 m le long du versant suisse de la Dôle. Puis, un flash gigantesque illumine le ciel derrière moi. Au son que produit le tonnerre, je déduis qu'un coup de foudre ramifié s'est manifesté sur le lac Léman. Pas le temps de regarder le résultat sur l'écran, le prochain ne va pas tarder à se manifester. Alors que la lune illumine intensement la ligne d'alimentalion de cet orage, un nouveau coup de foudre tombe sur la Dôle, mais je décide de me focaliser sur l'orage du lac. Je sais que LE foudroiement de la soirée peut survenir. J'opère très rapidement un réglage afin d'éviter une lumière lunaire trop importante. Je n'ai pas droit à l'erreur. Quelques secondes plus tard, un puissant quadruple coup de foudre s'abat à l'avant de l'orage. Mon temps de pose ne doit pas dépasser les 10 secondes. La photo que j'attendais est enfin là ! En 4 minutes, l'orage lèche encore à 3 reprises plusieurs coups de foudve similaires près de la région de Nyon, toujours avec la lune en arrière-plan. Il durera encore une dizaine de minutes avant de s'essouffler.

Les sept pylones du viaduc de Millau frappés simultanément par sept éclairs au cours d'un orage, voilà le genre de photo que l'on ne prend qu'une fois dans sa vie. Et encore, avec beaucoup de chance.

Bruno Auroy, le photographe amateur qui a pris cet incroyable cliché dans la nuit du 6 au 7 août dernier, en est bien conscient.

Il était posté sur le belvédère de Brunes, qui offre un des plus beaux points de vue sur le viaduc, long de 2,5 km. Pour se protéger de la pluie, il est resté dans sa voiture, a calé son appareil photo sur un trépied posé sur ses genoux, ouvert la vitre et pris une série de clichés. "Vers la fin de la 4ème prise, il y a eu un gros flash. J'ai compris que j'avais eu plusieurs éclairs en même temps au-dessus du viaduc", a-t-il expliqué au journal Midi Libre. La tache lumineuse, à droite, entre le 6è et le 7è éclair, n'est pas une soucoupe volante ni une boule de feu, mais simplement une goutte de pluie tombée sur l'objectif de l'appareil qui a crée cet effet de "loupe". L'image est tellement saisissante que, à peine postée sur la page Facebook de Bruno Auroy, elle a fait un "buzz" du tonnerre. Des internautes ont affirmé qu'il s'agissait d'un montage. Faux, jurent les spécialistes, notamment ceux du site Chasseurs d'orages (foudre.chasseurs-orages.com). D'une part, les impacts de foudre simultanés ne sont pas rares lors des orages. D'autre part, il n'y a rien d'étonnant non plus à ce que les éclairs soient attirés par les piles du viaduc, puisque celles-ci sont munies de paratonnerres. Ces derniers sont même équipés de dispositifs d'amorçage : ils peuvent déclencher une "décharge positive" pour attirer les charges négatives du nuage d'orage afin d'éviter que la foudre touche une partie non protégée de l'ouvrage. D'ailleurs, sur les sept éclairs, au moins deux (le premier en partant de la gauche et le quatrième) seraient des "éclairs ascendants", des décharges montant des pylones vers le nuage d'orage, et non l'inverse. De quoi, selon les specialistes, confirmer l'authenticité de ce cliché saisissant.

Un orage s'est abattu sur l'île d'Ikaria, en mer Égée, en pleine éclipse de lune.

Surpris par le spectacle d'éclairs, l'astrophotoqraphe Kris Kotsiopoulos a tenté de résumer un orage entier en une seule photo.

Alors qu'il s'apprête à immortaliser une éclipse totale de lune dans les Cyclades, le photographe grec Kris Kotsiopoulos se retrouve sous un énorme orage. Une heure durant, il a pris une photo du ciel strié d'éclairs toutes les 20 secondes. Pour obtenir ce cliché, il a gardé les 70 meilleures et les a superposées, donnant une idée du déluge de feu qui s'est abattu sur la mer. En moyenne, 1 million d'éclairs frappent le sol français chaque année, à une puissance de 80 gigawatts, soit plus de 50 fois celle d'une centrale nucléaire. Mais comme le phénomène ne dure que 25 millisecondes, l'énergie exploitable n'est pas très importante : avec tous les orages, seuls 5000 foyers pourraient être alimentés en électricité pendant un an. Encore faudrait-il savoir stocker cette énergie.