Construit en l'an 571, le Rosalila ne se contentait pas d'être haut en couleur : il scintillait sous le soleil grâce aux minéraux silicatés que les Mayas mélangeaient à leurs peintures. La civilisation maya est une civilisation précolombienne du groupe mésoaméricain, s'étalant sur tout une partie du Mexique, Belize, Guatemala, Honduras et Salvador actuels. Apparue à la fin du IIIe millénaire av. J.-C., elle connut son apogée entre le VIe siècle et le IXe siècle de notre ère avant d'entrer en décadence et de disparaître lors de la conquête espagnole au XVIe siècle. Avec les Aztèques (Mexique) et les Incas (Pérou), elle fait partie des trois grandes civilisations ayant marqué le Nouveau Monde avant l'arrivée des Européens. Son héritage est principalement architectural, comme en témoignent les imposantes ruines de palais et temples pyramidaux dispersés à travers la jungle. Elle est aussi connue pour avoir développé d'impressionnants savoirs en mathématiques et en astronomie, ainsi que le seul système d'écriture intégral de l'Amérique précolombienne. L'apport culturel du monde maya, bien que non négligeable d'un point de vue scientifique, reste néanmoins peu visible du grand public. Les premiers explorateurs à approcher les vestiges de la civilisation maya au XIXe siècle ont contribué à lui forger une image romantique mais bien différente de la réalité : «qui n'a pas entendu parler, par exemple, d'un ancien Empire maya, véritable âge d'or durant lequel un peuple laborieux et éminemment pacifique se serait adonné, dans le calme de ses cités protégées par la forêt dense, à la seule contemplation des astres ?» De nos jours l'évolution des connaissances a permis de renverser cette vision simpliste et sans nuance. Car si les anciens Mayas étaient bâtisseurs, artistes et savants, ils n'en étaient pas moins résolument guerriers. Du fait de leur organisation politique en cités rivales, la comparaison des Mayas classiques avec les cités grecques de l'époque classique ou avec les cités italiennes de la Renaissance n'est pas inappropriée. Les origines des tribus mayas les plus anciennes se perdent dans la nuit des temps. Les manuscrits indigènes du XVIe siècle ont oublié l'emplacement du berceau de la civilisation maya, que ce soit dans le Chilam Balam (->) (écrits dans la péninsule du Yucatán), ou dans le Popol Vuh des Quichés, la branche des indiens mayas du Guatemala. Et même le premier chroniqueur espagnol des mayas, le frère Diego de Landa (1566), n'a pu en mentionner clairement la situation. En tout état de cause, les faits se réfèrent aux Mayas du Yucatán, de l'ère classique, et non aux vieux mayas localisés dans le sud (Chiapas, Guatemala et Honduras), dont la civilisation s'est éteinte quelques siècles avant l'apogée des cités de la péninsule telles que Chichen Itza, Uxmal et Sayil. Nous savons que dans les temps très reculés, les mayas vivaient sur le littoral atlantique du Mexique, d'où ils descendirent vers l'Amérique Centrale en remontant le Rio Usumacinta pour arriver au Petén. Un vieux groupe maya, les Huastèques, resta cependant dans le nord, dans la région allant de Veracruz à Tamaulipas. C'est peut être l'expansion des Nahuas qui coupa en deux le peuple maya en rejetant un groupe au nord et l'autre au sud. Les groupes rejetés vers le sud sont ceux qui développèrent la grande civilisation maya. Au commencement de la période historique, ils vivaient dans un triangle délimité par Palenque dans le Chiapas, Uaxactun, au Guatemala, et Copán au Honduras, une aire très importante avec des voies de communication très difficiles au milieu de la jungle, traversée par de grandes rivières, comprenant le bassin de l'Usumacinta, le Peténguatemaltèque et les vallées du Motagua et du rio Copán. On distingue généralement trois ou quatre périodes dans la civilisation maya : l'époque préclassique (de 2600 av. J.-C. à 250 apr. J.-C.), l'époque classique (de 250 à 900), l'époque postclassique (de 900 à 1521), auxquelles on rajoute souvent l'époque épiclassique (de 650 à 900), une époque de transition pendant laquelle les cités des Basses Terres auraient été abandonnées et celles du nord du Yucatan se seraient développées. Époque préclassique L'époque préclassique s'étend de 2600 avant Jésus-Christ à 250 apr. J.-C. à partir de -2000, c'est l'essor de la civilisation olmèque, dont sont issus de nombreux aspects de la civilisation maya. Cette période préclassique est mal connue. Les premiers villages d'agriculteurs des Basses-Terres ont été datés de -1200 au Belize (Cuello). Des preuves archéologiques montrent que l'architecture cérémonielle maya démarre vers 1000 av. J.-C. Il est très difficile de faire la différence entre la culture pré-maya et la civilisation olmèque, chaque culture s'étant influencée mutuellement. Époque classique L'Époque classique s'étend de 250 apr. J.-C. à 900 apr. J.-C. Dans les Basses-Terres du sud, elle est dominée par deux grandes métropoles : Tikal et Calakmul. Tikal joue un rôle prédominant dans la première partie de l'époque classique qui marque l'apogée de la culture maya. Les débuts de l'histoire de Tikal sont mal attestés. La Stèle 29 porte la première date en compte long de cette cité. Son rôle semble être renforcé par les liens qui l'unissent à la grande métropole du Mexique central, Teotihuacán. Ces échanges se manifestent dans l'architecture, la céramique et la sculpture. Épiclassique : l'effondrement maya Les années 800 à 900 marquent l'effondrement des cités-états des Basses-Terres du sud, l'arrêt des constructions monumentales et des inscriptions associées. La dernière inscription connue datée sur un monument remonte à 822 pour Copán (au sud-est), 869 pour Tikal (au centre) et à 909 pour Tonina (ouest). On constate l'arrêt progressif de toute activité de construction dans les cités mayas des Basses Terres du sud, au Guatemala et au Mexique actuels à partir de la fin du VIIIe siècle (on prend généralement en compte la dernière date en compte long retrouvée sur chacun des sites, de 780 à Pomona jusqu'à 909 à Toniná). Ce phénomène correspond à l'effondrement du système politique de la royauté divine qui caractérise le monde maya classique. Les chercheurs ont également établi qu'à cette période la démographie avait été en forte baisse. La chute ne fut pas brutale : les ruines mayas ne sont pas des villes détruites mais des cités abandonnées. On ne trouve pas non plus de trace d'hécatombes, charniers ou fosses communes.
Les études récentes privilégient dans leur grande majorité une accumulation de facteurs défavorables, qui auraient entraîné des conflits sociaux internes et externes, jusqu'à la faillite et l'abandon du système socio-politique des cités-états. Ces modèles explicatifs complexes se basent sur un élément déclencheur interne ou externe : pression démographique ou longue sécheresse, par exemple. Époque post-classique Le Postclassique Maya assiste à la montée en puissance de l'influence des Nahuas du Mexique central, tant dans les Hautes Terres du sud que dans le nord du Yucatan. Cette influence se caractérise par l'introduction de styles nouveaux, de nouvelles techniques comme la métallurgie, et par de grands changements dans l'organisation sociale et politique. Les causes de cette montée en puissance des Nahuas sont incertaines. Il semblerait que l'affaiblissement du monde maya ait entraîné des mouvements de populations chichimèques et par là même un renouveau du pouvoir nahua, dorénavant aux mains des Toltèques, centrés sur Tula (ou Tollan). Ces derniers étendent leur influence à toute la Mésoamérique, jusque dans le nord du Yucatan, apportant des traits nahuas aux Mayas. Les quelques cités mayas qui avaient perduré pendant l'épiclassique et le Postclassique ancien, notamment les cités Puuc comme Uxmal, Sayil, Labna, K'abah, Yaxuna, et d'autres cités déjà anciennes comme Edzna, Coba ou Dzibilchaltun, après un âge d'or entre le IXe et le Xe siècle av. J.-C., connaissent une grave crise et se dépeuplent pour la plupart. Le pouvoir est aux mains d'ethnies telles que les K'iche, les Kaqchikel, les Mam, les Pokomam, les Tz'utuhil, les Q'eqchi', qui fondent des royaumes expansionnistes et bien défendus, comme le royaume des K'iche qui, centré sur Chi Izmachi puis Q'umarkaaj (Utatlan), sera intégré à l'Empire aztèque sous Ahuizotl, comme celui des Kaqchikel, d'abord vassal des K'iche, puis centré sur Iximche, celui des Pokomam centré sur Mixco Viejo, de Rabinal centré sur Cayuup... Ces états sont dérigés par des lignées (Ilocab, Nihaib, Kawek, Tamub...) qui disent tenir leur pouvoir des Toltèques. Les conflits politiques qui agitent la région tout au long du Postclassique sont connus grâce à des documents de l'époque coloniale écrits en langues indigènes, tel que le Popol Vuh des K'iche, El Titulo de Totonicapan, les Annales des Kaqchikel, le Memorial de Solola... L'écriture hiéroglyphique maya continue à être utilisée dans les codex, faits de longues bandes de fibre végétale recouvertes de chaux et pliées en accordéon. Quatre d'entre eux ont survécu : ceux de Dresde et de Paris, le Codex Troano de Madrid et le Grolier. Après avoir vaincu les Aztèques en 1521, les Espagnols se lancèrent à la conquête des territoires mayas. Grâce à leur supériorité technologique et aux antagonismes entre royaumes mayas des Hautes-Terres du Guatemala, qu'ils poussèrent à se monter les uns contre les autres, ils les écrasèrent rapidement en 1524. Les Mayas du Yucatán, en revanche, opposèrent aux envahisseurs une résistance farouche. Les deux premières tentatives de conquête par Francisco de Montejo, en 1527-28 et ensuite de 1531 à 1535, échouèrent. En 1541, son fils, Montejo le jeune, profitant de l'hostilité entre les clans Cocom et Xiu, parvint à s'implanter dans la région et fonda Mérida en 1542. Protégé par son relatif isolement dans la jungle du Petén, le dernier état maya, le royaume itzá de Tayasal, ne succomba aux Espagnols qu'en 1696-97. Les maladies importées d'Europe par les Espagnols et inconnues des indigènes ne furent pas étrangères à la défaite des Mayas. Dès 1521, une épidémie de variole emporta le tiers de la population des Hautes-Terres du Guatemala. Il en alla de même au Yucatan. à leur arrivée, les Espagnols firent face à des adversaires déjà affaiblis. Sciences des Mayas Comme les autres civilisations mésoaméricaines, si les Mayas étaient par certains aspects en retard sur l'Europe, ils étaient en revanche très avancés dans d'autres secteurs. Leur connaissance de l'astronomie notamment surprend encore les scientifiques actuels. Leurs réalisations architecturales sont également remarquables. Les Mayas avaient créé un type de voûte particulier que l'on peut observer à Uxmal. Leurs édifices exploitent par ailleurs leurs connaissances astronomiques pour créer des effets saisissants à partir de jeux de lumière. Bien qu'il soit souvent affirmé que les Mayas et les autres peuples mésoaméricains ne connaissaient pas la roue, les découvertes réalisées sur certains sites archéologiques (entre autres à Palenque) montrent le contraire. Néanmoins, les seuls objets dotés de roues qui ont été retrouvés en Mésoamérique sont des jouets et de petits chariots ; les archéologues ont expliqué cette limitation de l'usage de la roue par l'absence d'animaux de trait en Mésoamérique, en particulier pour les transports, ainsi que par le caractère sacré attribué à la roue, comme dans d'autres civilisations (au Tibet, par exemple). Une des pratiques les plus anciennes fut d'ériger des stèles pour commémorer ou marquer des évènements historiques ; auparavant on érigeait des stèles de façon irrégulière ; puis on les érigeait selon une certaine périodicité, généralement à la fin de chaque katun, période cyclique de 20 ans. Ces dates ont pu être lues grâce à la clé que nous a donné Diego de Landa. Les Mayas construisaient leur calendrier à partir de la date légendaire de 3113 av. J.-C., et ils utilisaient des unités de temps plus importantes telles que le baktun, période cyclique comprenant 20 katuns, (c'est-à-dire 400 années mayas, correspondant à 394 de nos années). Mathématiques Les Mayas (ou leurs prédécesseurs olmèques) utilisaient un système en base 20 comprenant un sigle zéro (mais dont l'usage et donc le concept étaient différents du nôtre). Les inscriptions montrent qu'ils étaient capables de manier de très grands nombres. Le système mathématique de base 20 (vicésimal), c'est-à-dire à vingt chiffres élémentaires (nous utilisons un système de base 10, décimal), de même que leur méthode de positionnement graphique, leur permettait des calculs à l'infini. L'invention du zéro, bien avant les Indiens et les Arabes, a été révolutionnaire. Elle leur a permis de mener des recherches astronomiques poussées dont le degré de précision est très impressionnant. Les prêtres et astronomes mayas ont estimé de façon très pointue la durée de l'année solaire, bien que dans la vie courante ils utilisent une année de 365 jours. Par exemple, le calendrier grégorien déterminait l'année solaire à 365,2425 jours ; le calendrier maya, à 365,2420 jours ; et l'astronomie moderne 365,2422 jours. En clair, sept siècles avant les Européens, munis d'instruments archaïques et après des années d'observations au cour de la jungle, les Mayas ont été capables de déterminer la durée d'une année solaire avec une précision extrême. Il faudra attendre le XIXe siècle pour que les progrès techniques puissent affiner cette évaluation. Astronomie Leurs analyses astronomiques étaient très précises, leurs études du mouvement de la Lune et des planètes étaient remarquables pour des gens qui ne travaillaient qu'à l'oil nu. Les Mayas étaient de très bons astronomes, ils avaient une connaissance très pointue des évolutions des objets célestes, plus particulièrement de la Lune et de Vénus. Beaucoup de temples sont orientés en fonction d'évènements célestes. Système d'écriture L'écriture maya apparaît à partir de 300 av. J.-C. à en juger par les documents dont nous disposons, l'écriture maya passe assez rapidement d'une forme logographique, où chaque mot est représenté par un dessin, à une forme mixte, logographique et phonétique de type syllabique : le mot peut aussi être divisé en unités plus petites, dans le cas maya, des syllabes, chacune représentée par un signe. Les Mayas utilisaient 800 signes individuels ou glyphes, disposés deux par deux en colonnes se lisant de gauche à droite et de haut en bas. Les glyphes mayas représentaient des mots ou des syllabes se combinant pour désigner n'importe quel concept. Les inscriptions hiéroglyphiques étaient soit gravées dans la pierre ou le bois sur des monuments et des ouvres architecturales, soit peints sur du papier, des murs de plâtre ou des objets en céramique. Le système n'était pas alphabétique. L'écriture maya est actuellement décodée à environ 80%. La religion maya présente des similitudes avec la religion aztèque ; elle comprenait également des sacrifices humains. Le calendrier maya situait la fin du monde au XVIe siècle, et l'apparition des conquistadors espagnols à cette époque les jeta dans la plus grande confusion. Ces derniers furent accueillis comme les dieux annoncés. Les Mayas n'opposèrent donc que très peu de résistance à ce qu'ils considéraient comme des êtres surhumains et acceptèrent un destin immuable. Le principal centre religieux du monde maya était Chichén Itzá. Les Mayas croyaient en la récurrence des cycles de la création et de la destruction. Les rituels et les cérémonies étaient étroitement reliés à ces multiples cycles terrestres et célestes. Le rôle du prêtre maya était d'interpréter ces cycles et de prophétiser les temps passés et à venir. Si des temps sombres étaient prévus, il fallait faire des sacrifices pour apaiser les Dieux. Pour suivre ces cycles ils utilisaient plusieurs calendriers : un calendrier sacré, le plus important de 260 jours, appelé calendrier Tzolk'in ; un calendrier de 365 jours basé sur l'année solaire (les Mayas ont mesuré la durée de l'année solaire, l'estimant à 365,2420 jours, alors que pour les astronomes modernes elle est de 365,2422 jours. Soit une différence de seulement 17 secondes. Or les Mayas étaient incapables de connaître l'heure, la minute ou la seconde.), le calendrier haab ; un calendrier lunaire ; un calendrier basé sur Vénus ainsi qu'un système unique en Mésoamérique, appelé le compte long de l'époque classique. Si la religion maya reste en grande partie obscure, on sait néanmoins qu'ils croyaient que le cosmos était séparé en trois entités différentes : le monde inférieur, la terre et le ciel. Le ciel était composé de treize strates, chacune ayant sa propre divinité. Au niveau le plus élevé se trouvait l'oiseau muan. Le monde souterrain comportait neuf strates sur lesquelles régnaient neuf "Seigneurs de la Nuit". Le monde souterrain était un endroit froid et inhospitalier auquel étaient destinés la plupart des Mayas après leur mort. Lorsque les rois mouraient, ils empruntaient le chemin lié au mouvement cosmique du soleil et tombaient dans le Monde inférieur, mais parce qu'ils possédaient des pouvoirs surnaturels il renaissaient dans le Monde céleste et devenaient des dieux. Cet univers souterrain accueillait aussi chaque soir les corps célestes comme le Soleil, la Lune et Vénus, une fois franchi le seuil de l'horizon. Le panthéon maya renferme un nombre incalculable de divinités. Cette prolifération s'explique en partie par le fait que chacune des divinités se présente sous des aspects multiples. Certaines ont plus d'un sexe, d'autres peuvent être à la fois jeunes et âgées. Chaque dieu représentant un corps céleste possédait dans le monde souterrain un visage différent qui se révélait chaque soir à sa «mort».
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