Après une période de repli, la culture sumérienne connait une brillante renaissance sous la IIIe dynastie, fondée vers -2100 par Ur-Nammu. Elle devient la capitale d'un véritable Etat centralisé qui, durant 100 ans, étendra sa domination sur la Mésopotamie.

Capitale religieuse et politique du royaume d'Hammurabi, au XVIIIe siècle avant notre ère, Babylone atteint le faite de sa puissance au VIIe siècle.

Nabuchodonosor II, qui domine alors la Mésopotamie, la Syrie et la Palestine, ne cessera de l'embellir.

Au XIXe siècle, la cité de Mésopotamie n'était connue qu'à travers l'Ancien Testament. Si les archéologues ont trouvé des traces d'une splendeur passée, les jardins suspendus et la tour de Babel restent énigmatiques.

Phare de la civilisation. Centre du monde. Symbole de l'harmonie cosmique créée lorsque sa divinité suprême, le dieu Mardouk, a vaincu les forces du chaos. Babylone est devenue le cour spirituel et intellectuel de l'ancienne Mésopotamie, entre le VIIe et le VIe siècle av. J.-C. Aux yeux de ses contemporains, le prestige de Babylone était sans égal. Les souverains les plus puissants ont voulu la conquérir pour l'embellir, comme Alexandre le Grand entre 331 et 323 av. J.-C. D'autres, comme le roi assyrien Sennachérib en 689 av. J.-C., voulaient la détruire. Il faut considérer qu'il n'existe pas une seule Babylone, mais plusieurs. La plupart des ruines archéologiques qui ont subsisté sont celles de la cité édifiée sous le règne de Nabuchodonosor II (605-562 av. J.-C.).

Aujourd'hui, on pense que la cité qui abritait les mythiques jardins suspendus n'était pas Babylone, mais Ninive, la capitale de Sennachérib, le puissant roi d'Assyrie.

JUAN LUIS MONTERO FENOLLOS : PROFESSEUR D'HISTOIRE ANCIENNE À L'UNIVERSITÉ DE LA COROGNE.

Les prêtres de Babylonie de l'époque hellénistique (entre 331 et 141 avant notre ère) étaient des astronomes compétents. Ils utilisaient des méthodes arithmétiques pour calculer le mouvement des planètes et consignaient leurs observations sur des tablettes d'argile.

Mathieu Ossendrijver, de l'université Humboldt, à Berlin, a découvert qu'ils utilisaient aussi une approche géométrique fondée sur des concepts abstraits qui ne sera découverte en Europe qu'au XIVe siècle de notre ère, par un groupe de penseurs de Merton College, à l'université d'Oxford, et surnommés les « calculateurs d'Oxford ». Les travaux de Mathieu Ossendrijver se sont concentrés sur 5 tablettes d'argile couvertes de textes cunéiformes, datant de 350 à 50 avant notre ère, qui appartiennent à la collection du British Museum, à Londres. C'est en recoupant les informations parcellaires des tablettes que le chercheur a compris qu'il s'agissait d'une technique pour étudier le mouvement de Jupiter. Pour calculer le déplacement de la planète dans le ciel, les Babyloniens ont mis au point une méthode géométrique qui revient à tracer la vitesse de déplacement en fonction du temps. Entre deux points de mesure, on obtient alors un trapèze dont l'aire correspond au déplacement total entre les deux dates.
Contemporains des prêtres de la Babylonie hellénistique, les Grecs utilisaient d'autres types de raisonnements géométriques, en particulier la géométrie dans l'espace, pour imaginer les orbites des planètes, mais ils ne semblent pas avoir utilisé des constructions aussi abstraites reliant la vitesse et le temps pour calculer une distance.

Science, vol. 351, pp. 482-484, 2016