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Monde NATUREL dans L'OCÉAN INDIEN |
TROMELIN : Au Bonheur des Fous |
 

NAT'IMAGES N°35 > Avril-Mai > 2016 |
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Les Îles Éparses -> L'Île Tromelin |
 L'île Tromelin est une île de l'océan Indien appartenant aux îles Éparses, relevant du territoire de la France. L'île est revendiquée par Maurice. Depuis 2007, l'île Tromelin fait partie, avec les autres îles Éparses, du cinquième district des Terres australes et antarctiques françaises, un territoire d'outre-mer.
L'île Tromelin est située 450 kilomètres à l'est de Madagascar et à 535 kilomètres au nord de l'île de La Réunion. Elle est entourée de fonds marins de 4.000 mètres de profondeur. Il n'a pas encore été clairement défini si elle constitue le sommet émergé d'un volcan sous-marin ou s'il s'agit d'un atoll surélevé.
Superficie = 1 km²
Côtes = 3,7 km
Point culminant : non nommé (7 m)
Population : Aucun habitant
D'une forme ovoïde, sa côte de 3,7 kilomètres de longueur est sablonneuse. L'île est longue d'environ 1.700 mètres et large au maximum de 700 mètres. Elle est ceinturée par une barrière de récifs coralliens particulièrement dangereux à la navigation et rendant son accès très difficile. L'accostage se fait uniquement par temps calme et par un seul point, au nord-ouest où il existe une passe étroite. Très souvent, les lames déferlent sur les récifs, rendant tout abordage impossible.
Le climat est de type tropical maritime avec des températures moyennes mensuelles qui varient de 20 à 26°C.
Les précipitations se situent entre 1000 et 1500 millimètres d'eau par an, la moitié tombant de janvier à mars. Les pluies sont en général de courte durée et d'intensité modérée à forte. Les alizés de sud-est soufflent la majeure partie de l'année à une vitesse de 15 à 35 km/h.
En saison chaude, se produisent des périodes sans ou avec peu de vent mais entrecoupées par le passage de dépressions tropicales ou de cyclones auxquels l'île est particulièrement exposée.
La flore est peu développée du fait des conditions météorologiques et du manque d'eau douce. On ne trouve donc que des herbes et des broussailles constituées d'arbustes peu denses. Des veloutiers et des pourpiers, à la croissance torturée par un vent d'Est dominant, sont présents un peu partout sur l'île. Les essais de plantations d'autres espèces n'ont pas réussi à l'exception de quelques rares cocotiers venant des îles Glorieuses et d'un vacoa.
La faune est essentiellement constituée de bernard-l'ermite (Paguroidea), d'oiseaux marins vivant en colonies permanentes pour les fous masqués à palmes noires et les fous à pieds rouges (Sula sula) ou de passage pour les frégates (suivant le régime des vents) et les sternes blanches (Gygis alba) plus rarement (vues en octobre), et enfin de tortues marines pour lesquelles l'île est un important lieu de ponte. La tortue verte (Chelonia Mydas) aussi appelée tortue franche est principalement rencontrée et dans une moindre mesure la tortue à écailles, plus connue sous le nom de caret.
Les eaux aux alentours sont très poissonneuses. L'Initiative française pour les récifs coralliens (IFRECOR) a recensé 26 espèces de coraux. Des espèces allochtones ont été introduites sur l'île lors des différents naufrages : rats, souris et lapins. Ces derniers ont été décimés en 1986 par le cyclone Erinesta.
 La direction de la météorologie nationale française, suivant une demande de l'Organisation météorologique mondiale, installe le 7 mai 1954 une station météorologique permanente. L'île est toujours aussi difficile d'accès par la mer et lors des débarquements depuis le baliseur Marius Moutet de la mission française en avril et mai 1954, une partie du chargement tombe à la mer. Depuis cette année, une présence humaine est assurée sur l'île par ces seuls météorologues. Ils sont installés dans un bâtiment de trois étages situé au-devant de l'aérodrome. Juste à côté se trouve la station météorologique composée de nombreux équipements de Météo-France. L'île n'offre aucun port et seul un mouillage au large est possible. Elle possède un aérodrome avec une piste, achevée le 20 juin 1954, de 1100 mètres environ de longueur avec radioguidage par balise. Un phare est situé sur le toit du bâtiment principal.
En 1960, la France place l'île Tromelin, comme les autres îles Éparses, sous l'autorité du ministère des DOM-TOM.
TROMELIN : Une Île de Rêve au Passé Cauchemardesque |
L'île de Tromelin, une île isolée dans l'océan Indien, à environ 450 kilomètres à l'est de Madagascar, peut éveiller la nostalgie des émulateurs de Robinson Crusoe, si ce n'est pour son histoire.
Dans la nuit du 31 juillet 1761 au 1er août 1761, L'Utile, frégate de la Compagnie française des Indes orientales commandée par le capitaine Jean de Lafargue, fait naufrage sur les récifs coralliens de l'île. Le bateau parti de Bayonne en France avec 142 hommes d'équipage, après une escale à l'île Maurice (appelée à l'époque "Île de France"), avait embarqué 160 hommes, femmes et enfants malgaches à Foulpointe, sur la côte orientale de Madagascar, pour les emmener en esclavage sur l'île Maurice malgré l'interdiction de la traite décrétée par le gouverneur. Une erreur de navigation fait échouer le navire sur les récifs de l'île Tromelin.
Lors du naufrage, l'équipage et une soixantaine de Malgaches arrivent à rejoindre l'île ; mais les autres esclaves, enfermés dans les cales, périssent noyés. L'équipage récupère différents équipements, vivres ainsi que du bois de l'épave. Ils creusent un puits, permettant d'obtenir de l'eau tout juste potable, et se nourrissent des vivres récupérés, de tortues et d'oiseaux de mer... Avec les matériaux récupérés de l'épave, le lieutenant fait commencer la construction d'une embarcation. Deux mois après le naufrage, les 122 hommes d'équipage restants y prennent place difficilement, laissant les Malgaches sur l'île avec quelques vivres.
Ce n'est que le 29 novembre 1776, quinze ans après le naufrage, que le chevalier de Tromelin, commandant la corvette La Dauphine, récupère les huit esclaves survivants : sept femmes et un enfant de huit mois.
En arrivant sur place, le chevalier de Tromelin découvre que les survivants sont vêtus d'habits en plumes tressées et qu'ils ont réussi, pendant toutes ces années, à maintenir un feu allumé alors que l'île ne possède pas d'arbre. Les survivants sont recueillis par le gouverneur français de l'île de France qui les affranchit et décide de baptiser l'enfant Moïse.
Le chevalier de Tromelin est le premier à décrire précisément l'île qui porte désormais son nom.
GÉO ITALIE N°94 > Octobre > 2013 |
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